Un bon départ pour l’initiative Culture Ouverte!

Les évolutions induites par le développement du numérique bouleversent tous les pans de notre société, notamment celui de la Culture qui fait apparaître de nombreux enjeux qui intéressent autant le secteur public que privé.

L’initiative Culture ouverte se définit comme un espace de travail collaboratif et d’expérimentation ouvert à l’ensemble des acteurs du monde de la culture, au sens large, en vue de favoriser l’ouverture des données culturelles et l’émergence de projets collaboratifs. Placé sous le triple signe de l’innovation, de la collaboration et de l’ouverture, l’initiative Culture ouverte a vocation à fonctionner en cycles courts (période de trois mois à six mois) au cours desquels une multitude d’événements périodiques sont prévus dans le but  d’approfondir, de préfigurer et de prototyper les différents projets susceptibles d’être co-construits.

À cette fin, deux journées ont eu lieu les 13 et 14 octobre au Square à Paris afin de réunir les acteurs (développeurs, artistes, institutionnels, entrepreneurs, etc.) souhaitant contribuer activement à cette dynamique, à la fois pour donner un aperçu des nombreuses réalisations déjà en cours, mais aussi pour en susciter de nouvelles par le croisement des approches.

Plus de 70 personnes[*] ont participé à l’événement qui s’est découpé en trois temps : des présentations de producteurs de jeux de données culturels et de projets associés, de  réutilisateurs de données culturelles et d’initiatives citoyennes de valorisation [slides] ; des ateliers pour préfigurer des projets autour de l’ouverture des données culturelles ; un atelier de réflexion sur les suites et prolongements à donner à Culture Ouverte.  

Cinq restitutions ont ainsi été présentées vendredi soir :

  • Cartographie des ressources ouvertes. Le mouvement d’ouverture des données culturelles se traduit par une multiplication des sources de données, qui sont largement disséminées sur le web. Or, la transition vers le web sémantique invite à rendre davantage visibles les données culturelles ouvertes et à favoriser leur réutilisation et leur interconnexion. Dans cette perspective, l’atelier propose la création d’une base de données recensant les données culturelles ouvertes (portails de données institutionnels, Wikidata, DBpedia, etc.). Dans un second temps, l’atelier propose la création d’un moteur de recherche et d’un outil permettant d’afficher les résultats sous la forme d’une cartographie de mots-clés. Cette cartographie permettrait d’accéder aux sites web mettant à disposition les données recherchées ainsi que les données présentant des liens sémantiques.
  • Le calendrier de l’avent du domaine public. Depuis 2012, le collectif SavoirsCom1 réalise un calendrier de l’Avent du Domaine public, signalant au mois de décembre l’entrée des nouveaux auteurs dans le domaine public au 1er janvier suivant. Pour ce faire, de nombreuses données doivent être croisées pour identifier les auteurs et calculer la durée des droits. Pour l’heure, ces tâches s’effectuent manuellement, même si une base comme Wikidata permet de préparer le travail. L’atelier a porté à la fois sur les pistes d’automatisation de ces calculs, ainsi que sur les opérations de médiation qui pourraient être conduites pour mieux faire connaître cette initiative. 
  • Mash-up. Depuis plusieurs années a lieu en France un Mashup Film Festival qui met en avant les pratiques transformatives dans le domaine de la vidéo. Le festival a connu l’année dernière un grand développement, qui reflète la progression du mashup et l’intérêt qu’il suscite. L’atelier a permis d’envisager une série d’actions pour faciliter la pratique du mashup, la sécuriser juridiquement et faire émerger un statut d’artiste-mashupeur. Un travail pourrait être conduit auprès des fonds d’archives audiovisuelles, type INA, CNC, etc. pour mettre à disposition des sources réutilisables, tout comme pour mieux signaler les oeuvres mises à disposition sous Creative Commons par des artistes. Des acteurs jouant un rôle majeur comme YouTube ou Europeana pourraient également être sollicités.   
  • Vulgarisation. L’idée d’un travail sur la vulgarisation émerge du constat d’une communication absconse notamment par le biais médiatique et d’un manque de connaissance portant sur des domaines entiers tels que les technologies sémantiques. L’exposition de ces concepts et un emploi maladroit de la terminologie ont provoqué des problèmes de compréhension voire d’idées reçue. Cette incompréhension freine malheureusement l’appropriation du sujet par l’interlocuteur. La problématique qui s’impose naturellement de ce constat nous amène à réfléchir sur les moyens de comprendre les outils et termes utilisés. Comment, en pratique, passer des données à la représentation et à la compréhension de ces dernières ?  Ou encore comment saisir l’essentiel d’une notion ? L’open Data en est peut-être le meilleur exemple. La bonne tenue et l’information autour des projets passera entre autres par une vulgarisation et une mutualisation de certains outils dans le cadre du projet Culture Ouverte. Des solutions et concepts simples pourraient  nous aider à atteindre ces objectifs comme la création d’un site et d’ un glossaire présentant chaque notion. Chacune d’entre elles pourraient bénéficier de plusieurs définitions pour autant de niveaux de compréhension. L’aspect ludique étant primordial, l’idée d’un « parcours » de compréhension est également avancée avec, selon le cas, la possibilité de créer un jeu interactif. Un retour sur expérience permettrait alors de détecter les notions essentielles à connaître pour chaque domaine. Le chantier est vaste, le big data et le web sémantique peuvent être des portes d’entrée…
  • Outils autour du web sémantique . Beaucoup d’outils existent en matière de web sémantique, mais un travail semble nécessaire pour les agréger afin d’automatiser et d’harmoniser un certain nombre de pratiques. L’atelier a ainsi permis d’identifier un certain nombre de briques logicielles open source existantes et répondant à des besoins spécifiques et ciblés (Scent for Galm, Ginco, ELI, les outils de Logilab, etc.) mais qui pourraient  être utilement mises en avant.

Ainsi, trop de projets similaires créent leurs propres ontologies/référentiels et compliquent, de ce fait, les échanges et améliorations qui pourraient être imaginés entre les différentes bases de données. Des travaux menés dans le secteur culturel laissent penser qu’un outil de référence de création de référentiels, utile dans des petits groupes très spécialisés, avec une prise en main intuitive et aisée favoriserait une telle « interopérabilité » entre les diverses initiatives. Cet outil de référence participerait à la constitution du « Graphe Culture » préconisée par la stratégie du Ministère de la Culture et de la Communication pour les « Métadonnées culturelles et transition Web 3.0 ». Une brique innovante à intégrer à l’outil concerne notamment la gouvernance et la traçabilité des alignements réalisés entre référentiels. Si les normes de traçabilité se sont plutôt stabilisées (PROV-O ou Web-Id), leur implémentation, a fortiori dans le domaine culturel, se fait attendre. 
L’autre cas d’usage concerne les données sémantiques associées à la description et la modélisation des événements culturels  qui pourraient faire l’objet d’un travail d’alignement pour permettre aux différentes plateformes institutionnelles de renforcer la qualité des informations générées. Quelques institutions culturelles décrivent leurs événements en suivant le modèle « Schema.org » pour répondre aux contraintes du référencement. Mais une fois l’événement achevé, cette description devrait suivre les modalités documentaires de l’institution pour « archiver » les événements passés. Les travaux réalisés dans le cadre de Doremus ont permis d’aboutir à une réflexion poussée sur la manière de décrire un événement futur et passé. Cet outil permettrait donc de décrire un événement à venir selon le modèle schema.org et d’assurer la conversion de cet événement selon le modèle documentaire choisi une fois que l’événement s’est achevé.

Et la suite ?

Les projets lancés dans le cadre de ces journées vont évoluer dans les mois qui viennent. Différents points d’étape seront ainsi organisés d’ici décembre et toutes les bonnes volontés sont les bienvenues ! Les premiers résultats, concrets, seront présentés lors de la prochaine édition de Paris Open Source Summit [lien] qui aura lieu les 6 et 7 décembre prochains. Au cours de cette période, nous nous sommes fixés comme objectif de faire grandir la communauté autour de l’initiative afin de renforcer les liens entre les projets envisagés lors de son lancement et les acteurs du domaine de la culture, ainsi que de créer de nouvelles connexions.

[*] Étaient ainsi notamment présents : Radio France, Bibliothèque Nationale de France, Ministère de la Culture et de la Communication, la Philharmonie de Paris, Wikimedia France, Savoir Com1, Museomix, Opération Libre, Open Agenda, Ask Mona, PMB, Mashup Festival, Framasoft, Open Law, Archives Nationales, Mozilla Francophone, Conseil National du Numérique

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